S’il reste encore à faire pour assurer l’égalité hommes-femmes dans la société, le chemin est également long en matière de prévoyance. Les écarts salariaux, la spécificité des parcours professionnels conduisent à des écarts de rente importants entre hommes et femmes une fois la retraite venue.
Selon les données du « Gender Pension Gap » de l’OFS de 2023, les rentes annuelles pour les femmes sont un tiers plus basses que celles des hommes. Les femmes doivent donc considérer leur prévoyance avec un regard tout particulier.
Özlem Raminhos, responsable des assurances collectives à la CCAP, nous donne quelques conseils.
Selon elle, pour pallier aux éventuelles lacunes de prévoyance, les femmes peuvent agir pour améliorer leur prévoyance et ceci durant trois grandes périodes de la vie:
Début de carrière
L’entrée dans la vie professionnelle connaît généralement pas mal de mouvements. Quant aux revenus, ils sont encore en démarrage. Ce n’est donc pas forcément le moment où l’on aurait le plus de disponibilité pour épargner. Certes, plus tôt on commence, plus l’effet des intérêts composés joue un grand rôle. Mais c’est aussi une période pour profiter des plaisirs de la vie.Il n’empêche, certains éléments de base ne sont pas à oublier : la cotisation à l’AVS débute dès 18 ans, respectivement 21 ans pour les personnes sans revenus, comme, par exemple les étudiantes. La cotisation LPP pour la partie épargne démarre dès les 25 ans. Si l’on est particulièrement prévoyante, on peut néanmoins déjà imaginer conclure un 3e pilier afin de compléter sa couverture de prévoyance.
Milieu de vie
C’est l’époque où l’on se stabilise dans sa profession, on se met en couple, on fonde une famille, on achète un bien immobilier.
Durant cette période de vie, certains fonds déjà cotisés peuvent être intéressants afin d’accéder à la propriété. Dans les limites de la loi il est possible de retirer tout ou partie des fonds du 2ème pilier pour financer les fonds propres lors de l’achat de son logement principal. Si l’on procède ainsi, il peut alors être intéressant de conclure un 3e pilier qui permettrait de combler les manques de couverture créer par cette ponction. Si par la suite il est possible de rembourser les montants retirés cela permettra de retrouver une meilleure couverture tant pour le risque invalidité, décès, que pour la retraite.
Avec l’arrivée des enfants, il n’est pas rare que la femme arrête son activité professionnelle pour une durée plus ou moins longue. Cela signifie que toute cotisation cesse. A nouveau, la solution du 3e pilier peut être intéressante pour pallier au manque de couverture. Et quand la femme reprend le travail après quelques années, il est possible de rattraper les années non cotisées par des rachats de primes auprès de sa caisse de pensions.
Si la femme travaille à temps partiel lors de la reprise d’une activité lucrative, il sera particulièrement important de procéder à une analyse approfondie des couvertures du filet social.
C’est aussi une période de vie où certaines choses se passent moins bien que prévu. En cas de divorce, ou de fin du partenariat enregistré si le régime matrimonial est classique (participation aux acquêts), tout ce qui a été cotisé par les deux partenaires durant le mariage est mis en commun et partager en deux. En fonction de ce que l’on a gagné et cotisé durant le mariage, cela peut avoir un bon ou un mauvais impact sur la capacité financière future.
Il est également important de souligner que, dans le cas du concubinage, toutes les caisses n’assimilent pas le survivant à un conjoint. En effet, le minimum légal ne reconnaît pas cette forme d’union. Il est donc primordial de vérifier l’étendue des prestations de la caisse de prévoyance dans ce cas de figure
Fin de carrière
La cinquantaine est certainement un moment très important pour faire une analyse de sa situation personnelle. Il restera alors une quinzaine d’années pour améliorer la situation future. Cela peut passer par des rachats de cotisations éventuellement manquantes ou la création de 3e piliers A ou B.
Il est important aussi à ce moment-là d’examiner ses hypothèques, le cas échéant, car à 65 ans, la banque demande généralement un réexamen des capacités de financement du client. Anticiper peut permettre d’éviter des surprises. Ce qui est certain, c’est qu’une fois arrivée à la retraite, la personne n’a plus de possibilité d’améliorer ses rentes.